Rentrée 2022 | Ensemble, face à une situation exceptionnelle, ayons l’ambition d’une École réellement inclusive.
« La situation s’avère plus difficile que d’habitude ».
Ce constat, c’est celui réalisé par le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Pap NDIAYE.
Au-delà de l’enjeu que représente cette première rentrée après la réélection du président de la République et les engagements pris pendant la campagne sur l’école, le contexte actuel entre l’inflation qui a des répercussions sur le coût des frais liés à la scolarité (fournitures, cantine scolaire…) et une pénurie annoncée de personnels de l’Éducation nationale formés, l’accès à l’École de la République pour tous les élèves ne semble pas garanti.
Cet enjeu nous concerne et nous engage tous, tant l’École n’est pas seulement un lieu d’apprentissage mais le véritable creuset de la société, formant les citoyens français de demain.
Plus qu’un slogan, il s’agit d’un fondement pour l’APAJH, née il y a soixante ans de la volonté d’instituteurs et de personnes mobilisées et issues d’organisations syndicales et mutualistes. C’est à travers l’école que les premiers militants ont enraciné leur action et leurs revendications, à destination des jeunes en situation de handicap, et plus largement de l’ensemble des citoyens, pour porter un nouveau projet de société où la différence n’exclut pas, mais enrichit.
Cette société inclusive, plus juste, solidaire et laïque ne peut se construire lorsque l’École de la République est en difficulté.
L’APAJH, association citoyenne, a son rôle à jouer aux côtés des pouvoirs publics, pour une École et une société inclusives. En 2022, la pénurie de nouveaux enseignants interroge forcément sur la crise plus globale des vocations, de la formation initiale et continue et de la rémunération des personnels de l’Éducation nationale.
Comment évoquer ces enjeux sans faire écho aux Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap (AESH) ? Après de longues années de revendications face au statut précaire de ces acteurs essentiels de la scolarisation d’élèves en situation de handicap, une dynamique de recrutement et de revalorisation est en cours mais la formation et la professionnalisation ne sont toujours pas au rendez-vous près de 30 ans après le début des aides humaines. Nous souhaitons que le mouvement s’amplifie afin d’asseoir la professionnalisation et la sécurisation de l’emploi de ces personnels. La réflexion autour du statut de l’enseignant semble être l’un des prochains grands combats du Ministère de l’Éducation nationale, il est indispensable d’y inclure les AESH, pour les impliquer pleinement dans ce mouvement d’ambition pour l’École de la République.
L’aide humaine requiert des compétences qui ne peuvent s’improviser. La formation initiale et continue dispensée actuellement a certes fait des progrès mais les personnels AESH doivent accéder à une formation qualifiante basée sur un référentiel « métiers » et certifiante pour permettre à ceux qui le souhaitent d’avoir des passerelles professionnelles.
Parallèlement, l’APAJH, comme beaucoup, constate des avancées certaines dans l’accès à la scolarisation des élèves en situation de handicap. Les nouveaux dispositifs, auxquels l’APAJH prend part comme les unités d’enseignement par exemple, ou les équipes mobiles d’appui à la scolarisation (EMAS), réinventent l’accompagnement, pour que toujours plus de jeunes puissent accéder à l’École et aux apprentissages. Cependant, malheureusement, encore trop souvent, des ruptures de parcours sont constatées. Tout d’abord, en fonction des différents cycles : si le taux de scolarisation des élèves en situation de handicap est relativement élevé jusqu’au collège, le taux de lycéens ou d’étudiants en situation de handicap reste encore trop confidentiel. Mais aussi, que dire des ruptures qui adviennent lors d’un changement de projet personnel de scolarisation, de domicile, ou d’établissement ? L’École inclusive, c’est partout sur le territoire, en métropole comme en Outre-mer, de la maternelle aux études supérieures.
L’École inclusive, cela se co-construit, et l’APAJH est toujours mobilisée aux côtés de toutes les volontés pour créer de nouvelles solutions car l’Éducation Nationale, seule, ne peut répondre aux besoins de chacun : schéma départemental de l’école inclusive, formations croisées entre les personnels de l’Éducation nationale et ceux des structures médicosociales, développement des EMAS en soutien des dispositifs de l’Éducation nationale… La coopération entre l’Éducation nationale et le monde médicosocial est riche de réussites. Ces réussites doivent nous encourager à dépasser les derniers blocages, ou les dynamiques encore trop souvent localisées.
Ensemble, face à une situation exceptionnelle, ayons l’ambition d’une École réellement inclusive.