Rencontre avec Pierre-Emmanuel Baruch, directeur de l’association DAHLIR
Rencontre avec Pierre-Emmanuel Baruch, directeur de l’association DAHLIR (Dispositif d’Accompagnement du Handicap vers des Loisirs Intégrés et Réguliers), qui vise à faciliter l’accès aux loisirs des personnes qui en sont éloignées. Dans ce cadre, l’association fait le lien entre les personnes qui souhaitent pratiquer une activité sportive et les clubs.
Quel est le but de l’association ?
Pierre-Emmanuel Baruch : L’enjeu, quel que soit le public, c’est de pouvoir individuellement accompagner la personne dans une reprise d’activité de loisirs, notamment sportive.
Nous n’avons pas vocation à animer des séances et des pratiques entre pairs, nous sommes nés pour pouvoir faire le trait d’union entre la demande de la personne et le club.
J’ai lancé ce projet en 2005 avec un jeune qui avait une trisomie 21. A l’époque, j’étais en charge de développer la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap sur le département de la Haute-Loire. Benjamin, qui avait 14 ans, est venu me voir car il voulait faire de la pétanque. J’ai essayé d’imaginer un créneau de pratique pour des jeunes de 14 ans qui voulaient faire de la pétanque au Puy-en-Velay : cela faisait beaucoup de paramètres et je n’ai pas réussi à constituer un groupe de personnes qui pratiquent ensemble. Plutôt que de continuer, j’ai été solliciter un club de pétanque pour voir s’il était susceptible de l’accueillir. Le projet est né de là. Il s’agit donc à la fois d’un accompagnement de la personne, en partant de sa demande on essaye de trouver les bonnes solutions, d’un accompagnement de sa famille lorsque c’est un enfant et d’un accompagnement du club.
Dans le cas de Benjamin, le club n’avait jamais accompagné de personne en situation de handicap.
Comment se passe l’accompagnement des clubs ?
Pierre-Emmanuel Baruch : Nous sommes sur un accompagnement individuel donc nous ne sommes pas organisme de formation.
Par exemple pour Benjamin il y avait des besoins plutôt en termes pédagogiques donc moi j’ai donné des outils et des conseils à l’éducateur sportif pour qu’il puisse l’accueillir. Tous les accompagnements qu’on mène sont pensés comme ça.
Au départ, en 2005, j’avais signé des conventions avec les clubs, j’avais mis en place un label sauf qu’en fait les gens ne venaient pas et cela créait de la frustration chez les clubs qui avaient suivi une formation et acheté du matériel. Donc on a fait le chemin à l’envers et désormais on ne sollicite les clubs que lorsque nous avons une demande. La personne est particulière, elle a des besoins particuliers donc l’idée c’est de pouvoir trouver les bonnes réponses en termes d’adaptation de matériel, de mobilité…
Nous n’allons pas chercher la demande, elle nous arrive toujours, soit via un établissement avec qui on travaille, soit une famille ou alors une personne directement.
Qu’est-ce qu’un club inclusif ? Est-ce facile de le devenir ?
Pierre-Emmanuel Baruch : Par essence pour moi un club qui accueille ne serait-ce une seule personne avec des besoins particuliers est dans une démarche d’inclusion.
De notre côté avec l’accompagnement individuel il n’y a pas de créneau spécifique, la personne intègre un groupe déjà existant.
Pour le matériel, concernant le handicap psychique ou mental cela nécessite plutôt de la pédagogie et quand il s’agit de handicap moteur ou visuel, on réussit à le faire financer en partie par la MDPH. Sinon le besoin en matériel, sur de la découverte, n’est pas selon moi ce qui est le plus bloquant.
C’est plutôt comment la personne va être accueillie dans le créneau avec celles qui n’ont pas de handicap et comment les choses vont s’articuler mais pour savoir il faut essayer.
L’association travaille avec le programme Club Inclusif, lancé par le Comité Paralympique, qui vise à accompagner les clubs qui souhaitent accueillir un public plus large. Nous avons répondu à un appel à projet ensemble, ce qui devrait faciliter la mise en place de nos actions. Mais je pense que la notion de club inclusif et de formation doit se penser différemment pour répondre à des besoins existants plutôt qu’en formant tout le monde avant de connaître les demandes.